Hommage à Josephin Péladan

ENSEIGNEMENT SYMBOLISTE

Hommage à Josephin Péladan

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Voie mixte / la voie de l’avoir

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Joseph-Aimé Péladan dit le Sar Mérodack Joséphin Péladan, né à Lyon le 28 Mars 1858, mort à Neuilly sur Seine le 27 Juin 1918 est un écrivain ,critique d’art
et occultiste français.

Dans sa jeunesse, il entre comme employé au crédit Faillelle à Paris. Il voyage à Rome et à Florence où il se prend de passion pour le Quattrocento et pour Léonard de Vinci. De retour à Paris, il publie une nouvelle, le chemin de Damas et entre à l’Artiste d’Arsene Houssaye où il rédige des critiques d’ art.

En 1888, initié par Papus et Stanislas de Guaita, il entre dans la première Loge martiniste à Paris. C’est à son frère Adrien (1844-1885) l’un des premier homéopathe français, que Josephin Péladan devrait son entrée dans une branche toulousaine de la Rose Croix. En 1888, Péladan fonde avec Stanislas de Guaita l’Ordre de la Rose Croix Kabbalistique qui accueille aussi Papus et Charles Barlet. Prétextant un refus de la magie opérative , il se sépare du groupe en 1891 pour fonder l’Ordre de la Rose Croix Catholique et Esthétique du Temple et du Graal.

L’année suivante, il organise le premier des Salons de la Rose Croix du 10 Mars au 10 Avril à la Galerie Durand Ruel. Ces salons restent parmi les évènements majeurs de la dernière décennie du XIX° Siècle. Ils font figure pour le renouveau de l’idéalisme et témoignent d’une tendance vers le spirituel qui anime les grands mouvements de l’art du début du XX°Siècle.

Péladan ambitionne d’extirper la laideur du monde moderne en s’opposant ainsi au matérialisme ambiant ; à ce titre il est un porte parole du mouvement Symboliste. Son ouvrage majeur est « l’art idéaliste et mystique (Paris 1894). Ainsi, celui-ci, pose l’Art Symboliste sur un nouveau terrain inexploré.

Un autre écrivain, Edouard Bertholet, dit Sar Alkmaion, fut Grand Maître de l’Ordre Martiniste et Synarchique de 1953 à 1965. Il nous fait découvrir dans ses livres, Léonard de Vinci, ainsi que Péladan. Il nous parle des Manuscrits de Léonard de Vinci, du traité de Peinture ou du traité du Paysage, traduits par Péladan. Selon lui, Péladan est un maître de l’Art Idéaliste dont les grandes leçons sur le plan de l’idéalité comme de la technique ,gardent une signification efficiente et permanente .

Dans le chapitre où Péladan expose la qualité mystique du grand Art ,il cherche par un exemple concret à faire comprendre sa pensée. Il explique magistralement pourquoi les merveilleux tableaux de Léonard de Vinci sont de la mystique pure :
« Si la Joconde et le Précurseur (ces figures pentaculaires de la théorie que je propose) pouvaient s’expliquer eux mêmes et montrer la voie qu’ils réalisent,
ils parleraient ainsi :
Je sais tout, dirait Monna Lisa, « je suis sereine et sans désir ; cependant ma mission réside à distribuer du désir car mon énigme fomente et développe tous ceux qui me regardent. Je suis le gracieux pentacle de Vinci, je manifeste son âme, qui ne se fixa jamais, parce elle voyait trop haut et trop profond. Je suis celle qui n’aime pas, parce que je suis celle qui pense, seule femme de l’art qui, quoique belle, n’attire pas le baiser, je n’ai rien à donner à la passion ; mais si l’intelligence m’approche, elle se mirera dans le prisme de mon expression, comme dans un miroir multicolore et j’aiderai quelques-uns à prendre conscience d’eux mêmes et ceux là qui recevront le baiser de l’esprit pourront dire que je les aime, selon la volonté du Vinci, qui me créa pour montrer qu’il y a concupiscence de l’esprit, car c’est mon expression qui me fait aimer, elle qui nie aimer, sinon de la pensée.»

Pour Péladan « il faut apprendre le dessin chez Léonard ;
la rhétorique des formes , chez Michel Ange ;
la composition chez Raphael ;
le clair obscur , chez Rembrandt ;
la peinture technique , chez Velasquez ;
la grâce masculine , chez Mantegna ;
la féminine , chez Botticelli et Merlozzo da Forli ;
l’androgyne chez Signorelli . »

Péladan et Léonard de Vinci

Péladan a pris à coeur de faire connaître l’oeuvre immense de Léonard de Vinci.
Six livres d’importance capitale, parus de 1907 à 1910 seront consacrés à
ce génie universel.
1/ – La philosophie de Léonard de Vinci d’après ses manuscrits.
Une partie de la présentation traitera de la méthode expérimentale, inaugurée par Léonard de Vinci, en effet, celui-ci a poursuivi son investigation dans tous les domaines du savoir humain, les cinq mille pages de ses notes manuscrites en font foi.
2/ – La dernière leçon de Léonard de Vinci à son Académie de Milan.
3/ – Textes choisis
4/ – Les manuscrits
5/ – Traité de la peinture
6/ – Traité du Paysage de

Le Vinci a été, pour Péladan, un maître incontesté. Son maître en matière d’art et il voudrait faire profiter l’humanité moderne de cet enseignement précieux et indispensable que devraient premièrement s’assimiler tous ceux qui prétendent au titre d’artiste, de critique ou de connaisseur d’art.

Le génie de Léonard n’a pas seulement pressenti l’importance de l’expérimentation en matière de science, il a eu l’intuition qu’il y avait encore des phénomènes plus subtils et qui étaient du domaine spirituel et transcendantal ; toute la troisième partie de l’ouvrage de Péladan est à exposer « la méthode de l’analogie, destinée à continuer l’effort dans le domaine où cette dernière n’atteint pas ».
Cet admirable système se trouve contenu dans les livres alexandrins, kabbalistiques et généralement appelés magiques ; Léonard lui a donné sa forme pure de procédé investigateur .
« – La sagesse de l’âme est le souverain bien pour l’homme conscient ; rien ne peut lui être comparé » Léonard de Vinci.

Pourtant, chose singulière, le Vinci qui se réclame de la science expérimentale ne peut croire aux manifestations des esprits qui parlent et qui donnent des messages par voie direct ; il se révèle donc un anti-spirite avant la lettre. Son argumentation se base sur le fait qu’il a défini la voix « mouvement d’air frotté dans un corps dense » or les esprits n’ayant point de corps dense ne peuvent émettre
une voix.
Pour le coup, notre expérimentateur a négligé de s’adresser à l’expérience afin d’asseoir son raisonnement ,car, on sait que les communications par voix direct ne sont pas de la ventriloquie.
Ironie du sort, le fait d’utiliser le corps physique de Jacques Guyot, message de Léonard de Vinci en 1987, montre que le Vinci a changé d’opinion depuis les années de la renaissance.
Malgré ceci, on peut sans exagération dire que celui-ci, en matière d’expérimentation a devancé d’environ cinq cent ans son époque.

Le Vinci croit en l’immortalité de l’âme ; ayant fait de la magie avec Julien de Médicis, il condamne avec une certaine passion les phénomènes médianimiques et occultes. « – on ne doit pas désirer l’impossible ! » dit il. Les pouvoirs occultes sont encore du domaine matériel et la plupart de ceux qui les recherchent, les désirent pour accroître leur bien être ici bas, aussi le Vinci donnera ce judicieux conseil, d’une portée générale :
« – n’appelle pas richesse ,ce qui peut se perdre. La vertu est notre vrai bien ; elle ne nous abandonne qu’avec la vie ; les possessions et les richesses extérieures, on les garde avec crainte et, si on les perd, on est aussitôt méprisé et bafoué ! »
Le Sar dira « – il n’y a pas de savant sans méthode, ni d’artiste sans métaphysique !»

C’est pourquoi, l’initié emprunte une voie mixte ; celle de l’être et celle de l’avoir. Pourtant, si celui-ci devait choisir l’une des deux, la première, la voie direct et verticale, serait privilégiée.
Léonard de Vinci était adversaire de la contrainte et de l’autorité en matière de connaissance, car l’autorité ne sait qu’imposer ses vues par force et non par preuve.

Je recommande la lecture du livre « la pensée ésotérique de Léonard de Vinci » par P. Vuillaud
« Léonard a pu devancer un Galilée ou un Castelli et la science s’honore quand même d’un Galilée et d’un Castelli, mais l’art n’a jamais eu qu’un Vinci, absolument qu’un et la gloire de cet homme prodigieux est auparavant d’être l’auteur de ce tableau incomparable, le Saint Jean et de ce portrait que son génie a élevé au rang de symbole : la Joconde. P.Vuillaud

La dernière leçon de Léonard de Vinci à son Académie de Milan (1499)
D’après certains auteurs, cette académie n’aurait jamais existé ; pour Péladan la chose paraît probable, étant donné que l’on possède un dessin du Maître qui porte la mention de cette institution.
Le Vinci accumula des matériaux immenses et inutiles. Que nous importe qu’il ait nié l’universalité du déluge creusé des canaux, bastionné des places ? Ses peines perdues pour nous, le furent aussi pour lui… Cette transcendantale curiosité, ce prurit de recherches en tous sens, cette dispersion de l’activité, ce don-juanisme de la connaissance qui descend jusqu’aux métiers représentent le côté passionnel du Vinci ; littéralement sa débauche. Il choisit pour maîtresse la grande Isis et il voulut baiser les innombrables étoiles de son indéchirable voile.» Péladan

Pour Péladan, en sa trentième année, Léonard de Vinci vint à la cour de Ludovic Sforza et fonda à Milan la première Académie qui ait existé en Italie.
« une gravure authentique du British Muséum qui représente une florentine décolletée, vue de profil porte ACHA : LE : V ; semble un diplôme ou un projet de diplôme. On possède six dessins d’entrelacs où le cordon franciscain se contourne et se noue à la manière décorative des Arabes. On y lit :

ACADAMIA LEONARD DE VINCI

« de plus , il ( Léonard) perdit beaucoup de temps à dessiner des entrelacs de corde où l’on pouvait suivre le fil d’un bout à l’autre, de façon à en emplir un cercle parfait ; un dessin très compliqué et très beau de cette sorte est gravé sur cuivre et au milieu :

« Léonardus Vinci Académia !» Vasari

« le peintre doit être un homme universel et tirer profit de la moindre observation. Quel petit entendement que celui qui ne s’intéresse qu’à son procédé ! L’oeuvre s’élargit ou se rapetisse suivant que le cerveau du peintre embrasse un grand ou petit horizon… Celui qui ne voit, au monde que son modèle et sa palette descend au niveau de l’artisan… L’étendue et la fermeté du savoir forment la base d’une carrière. Une merveilleuse harmonie relie entre elles les choses crées et l’oeil du peintre tire les éléments de son art du spectacle de la vie.

Un des contemporains de Léonard de Vinci, l’humaniste Lomazzo définira les qualités multiples et le vaste génie du Vinci en l’appelant Hermes-Prométhée, appellation qui résume bien le savoir encyclopédique du Maître et le ravisseur du feu céleste que fut le Vinci, feu qu’il a fait briller dans ses inimitables peinture.

Les manuscrits de Léonard de Vinci
Péladan a entrepris de mettre à la portée du public les quatorze manuscrits de l’institut de France. Il annoncera que « si les Léonardiens trouvent plaisir à cette compilation, on leur offrira ensuite :
le Codex Atlanticus et les manuscrits de Windsor, ce qui constituera en trois volumes ordinaires, un Enchiridion des 5000 pages conservées du plus grand génie des temps modernes.

« L’homme ne grandit que par ses peines »
« Vivre selon son vœu et mourir de son rêve, n’est ce pas la vrai devise du bonheur ?» Péladan
Traité de la peinture
Développant l’aphorisme de Léonard « La science est le capitaine et la pratique représente les soldats, Péladan précisera :

« La science commande à la pratique. Ni les artistes ni le publique ne s’entendent sur la définition de la peinture, simple pourtant si on l’envisage en ses parties. Comme science : représentation des objets avec leur relief et couleur sur une surface plane. Comme art : représentation qualitative des objets, ce qui équivaut à idéalisation et correspond à l’idée de beauté. » Enfin, Péladan précisera encore sa pensée quelques lignes plus loin en disant :
« Comme science, la peinture aboutit au trompe l’oeil ; comme art, elle ne peut rien reproduire tel quel. Elle doit donc réaliser l’irréalité et réverbérer comme un miroir ce qui n’existe pas, la synthèse qualitative. La Joconde vit avec intensité, mais elle n’a jamais existé en chair et en os. Monna Lisa fut belle sans doute mais elle fut autre que la Dame du Louvre qui semble la sublimation de Célimène.

Les salons de la Rose Croix
Pendant six années consécutives de 1892 à 1897 durant un mois les Salons de la Rose Croix offrirent à l’admiration du public des œuvres d’art répondant à la formule idéaliste et mystique, préconisée dans les ouvrages du Sar.
Tout au long de sa carrière, Péladan n’a pas dévié de l’idéal très élevé qu’il se faisait de l’oeuvre d’art et il n’a cessé, dans ses nombreuses critiques des Salons Officiels, d’attirer l’attention des artistes et du public sur le manque de goût esthétique, sur sa décadence même que manifestaient les œuvres exposées dans les divers
Salons Officiels.
Le Sar note que dans les différents Salons Officiels, on ne lui donne pas de carte d’entrée, parce qu’il n’est accrédité par aucun journal ; on motivait ce refus par le fait qu’il n’était pas assez déférent et que son ton et sa critique blessaient trop d’orgueils exacerbés.

Le livre secret de Péladan – (un de ses poêmes)
1/ Mona Lisa
« Toute l’humanité pâlit à ce sourire
Remous mystérieux de l’âme,
Au bord conscient de la chair.
Chacun qui se croit grand
s’affronte à cette énigme.
La sublime coquette énigmatique
Défie l’audace curieuse,
et garde le secret du Dieu, son maître.
Moi, j’ai retrouvé le florentin sourire
Aux plis roses d’un corps précieux.

Dés le début de sa carrière, avec le vice suprême et le livre du désir, Péladan a milité en vrai chevalier de la lumière, contre la vague de nivellement et de médiocrité qui déferlait sur le monde moderne et qui annonçait les temps malheureux de la décadence latine.
Certes, les artistes, actuellement auraient tout intérêt à revenir comme le préconise Péladan à une plus saine notion d’esthétique, telle qu’elle nous fut transmise par une tradition séculaire. Il ne se lassera pas de répéter que l’artiste digne de ce nom doit aspirer à réaliser un chef d’oeuvre qui soit « un coin de ciel descendu sur la terre.»
Cependant, en 2025, avec le site « ardagès », Dominique Dagès perpétue le souvenir du passé en l’actualisant. Celui-ci participe à l’élaboration du mouvement symboliste actuel sous l’égide d’une Rose Croix revivifiée telle le phénix renaissant de ses cendres. Elle s’enracine dans un passé ancestral mais le temps n’a pas de prise sur elle.

Citations de Péladan

« Sais tu que l’art descend du ciel comme la vie nous coule de soleil ? Sais tu qu’il n’est pas de chef-d’oeuvre qui ne soit le reflet d’une vie éternelle ? Que ce qu’on nomme Abstrait, peintre ou poète, le sais tu ? C’est un peu de Dieu même dedans une œuvre.
Artiste, tu es prêtre : l’art est le grand mystère et lorsque ton effort aboutit au chef d’oeuvre, un rayon du Divin descend comme sur un autel. »

« La pensée est de l’art à l’état idéal »

« Il faut vouloir le beau, comme le mystique veut le bien »

« La beauté ne se prouve pas, elle s’éprouve ; c’est exact mais il y a cependant des règles pour la produire comme pour la reconnaître. Née d’une sensibilité admirable ,elle s’adresse à la sensibilité. »

« Dans l’oeuvre d’art, il faut qu’on sente la vie, qu’on sente l’âme, mais il faut surtout qu’on sent Dieu. En un mot , l’oeuvre d’art doit être comme une prière qui unit la créature au créateur.»

« Lorsque l’artiste a compris qu’il ne faut pas seulement dégager le contours et la forme d’un sujet, mais qu’il s’agit d’en faire sentir l’âme, il est prêt de réaliser de la beauté, de l’idéalité et du mystère. »

« Sauvons les chef-d’oeuvre, on n’est jamais sûr d’en faire d’autres »

« L’art en aucun cas ne doit s’abaisser jusqu’à plaire au vulgaire ; au contraire il doit s’élever vers la spiritualité »

« Que m’importe ce que voit un peintre ; je juge de ce qu’il me fait voir »

« L’art français meurt de vulgarité et de simplification et encore plus de simplification que de vulgarité »

« L’art idéaliste et mystique pourrait devenir dans l’avenir le lien, le moyen de communion de tous les peuples dans un même sentiment d’admiration et d’enthousiasme »

« Il faut un métier parfait pour réaliser un chef-d’oeuvre, mais il ne faut pas que l’oeuvre d’art vaille uniquement par la prestigieuse habilité technique de l’exécutant »

« Il ne suffit pas de posséder le vrai, il faut encore penser et faire beau.Pour faire beau, il faut travailler,non pas comme un bœuf ou un paysan, mais travailler son âme, la polir, l’élever.
Selon le crédo d’Hermes : Ce qui est en haut est comme ce qui est en bas ; donc la création est comme le créateur ; l’homme est donc un postulant à la divinité »